Récit de Léa et Hermine, responsables décors 2016-2017.
Comme chaque année chez Scribe, un de nos plus gros challenges réside dans la possibilité de donner une énième vie à un maximum d’éléments de décors des années précédentes. Et Léa en sait quelque chose, car c’est la deuxième année qu’elle s’attelle à la tâche !
Le défi était de taille pour la réalisation des décors du Roi Nu d’Evgueni Schwartz. En effet, en lisant les didascalies, il était difficile de ne pas avoir la folie des grandeurs, de ne pas vouloir réaliser des choses complètement loufoques : ramener un petit échafaudage sur scène pour représenter le lit du Roi Hubert, dormant sur pas moins de 148 matelas, fabriquer une chaise à porteurs ou encore un trône digne de ce nom, font partie des idées qui nous ont traversé l’esprit… Tout comme le Roi Hubert, il nous était au départ difficile de garder les pieds sur terre.
La plus grande difficulté était de réussir, avec les mêmes éléments de décors, à dessiner les contours de deux mondes radicalement différents : d’un côté, l’univers presque féerique de la Princesse et du Roi Père, peuplé de véritables hippies, très coloré, très « Woodstock », « peace and love » – la pièce se déroule dans les sixties – et de l’autre, le royaume austère et sinistre du tyrannique Roi Hubert (aka le Roi Nu). Il fallait réussir à opposer visuellement l’excentricité à la rigueur.
Pour le royaume de la Princesse, les metteuses en scène et nous, pensions à un décor de contes de fées des temps modernes, presque enfantin et enchanteresque. Pour cela, nous disposions de deux grands panneaux que nous avons peints en bleu ciel et sur lesquels se détachaient des nuages. Pour rester dans le thème du « Flower Power », nous voulions « semer » un maximum de fleurs. Nous avons notamment réutilisé les tapis d’herbe parsemés de fleurs de l’Atelier Gilles Martin – car, oui, entre compagnies jouant à la Maison Fraternelle, on s’entraide ! – et fabriqué de toutes pièces un arbre multicolore.
Après beaucoup d’hésitations et après avoir multiplié les sources d’inspiration, la simplicité s’est imposé à nous lorsque nous avons trouvé dans la loge un cylindre en carton, une ancienne boîte à posters… Nous l’avions trouvé, notre tronc ! NB pour nos successeurs : les loges de SCRIBE sont une véritable mine d’or ! Nous avons ensuite scotché les branches que Léa avait récoltées sur le tronc. Après l’option « et-si-on-repeignait-les-branches-et-le-tronc-de-toutes-les-couleurs-avec-de-l’acryllique », nous avons finalement décidé de mettre du papier crépon sur le scotch. Pour les fleurs, nous avons eu la chance d’avoir une spécialiste en la matière : Gwen qui nous a montré comment faire de superbes fleurs en papier crépon.
Résultat : notre arbre resplendit de couleurs et fait rayonner le Royaume de la Princesse !
Pour le royaume du Roi, nous avions la chance de connaitre sa couleur préférée : l’argenté. Une couleur froide, austère, contrastant avec les multiples couleurs du royaume de la Princesse. Nous avons donc essayé de peindre de de bomber le maximum d’éléments dans cette teinte : de la table (dégottée aux Puces de St Ouen) aux chaises, en passant par la cheminée. Nous voulions également montrer le côté très égocentrique et grandiloquent du Roi Hubert. Sa toute puissance était notamment représentée par des symboles de son Royaume disséminés un peu partout, un portrait le montrant dans toute sa splendeur – nous voulions un mélange entre le portrait de Louis XIV et celui du Président de la République – et les étiquettes des bouteilles de vin à son effigie. Aux multiples couleurs illuminant le Royaume de la Princesse, s’opposaient ainsi clairement les deux couleurs de celui du Roi Hubert : l’argent et le rouge.
Nous avons réussi le pari de recycler les éléments des années passées – les panneaux (l’Invitation au Château), le bloc (id.) la cheminée (Huit Femmes) – tout en recréant un décor digne de ce conte.
Nous espérons que les spectateurs prendront autant de plaisir à le regarder que nous en avons eu à le créer. Mais aussi, que les symboles et autres clins d’oeil seront facilement remarquables – nous sommes particulièrement fières des étiquettes avec le portrait du Roi… !
Merci à tous les merveilleux scribouillards de nous avoir épaulés dans cette mission décors, maintenant, il n’y a plus qu’à…
Crédit photos : Dawid Hillien et Jean-Régis Calvet